Serein Estate, un goût de boût du monde

Admirée pour ses sauvignons blancs singulièrement aromatiques, la Nouvelle-Zélande entame une spécialisation sur l'un des cépages les plus fragiles qui soit : le pinot noir.

Paul-Emmanuel Patacq DipWSET

2/5/20242 min lire

brown grass field near mountain during daytime
brown grass field near mountain during daytime

Les années 80 marquent l’essor du vignoble néo-zélandais propulsé par un cépage devenu signature incontestée du pays : le sauvignon blanc.

Le bordelais ne se laissera pas si aisément impressionner : du sauvignon, on en retrouve plein l’Entre-deux-mers au sud de Bordeaux !

Il s’agira ici de la seule similitude entre les deux régions séparées de 19 420 km à vol de kiwi ou de tout autre oiseau qui sait voler de préférence.

Séparé en deux îles, le pays est le théâtre d’une diversité de climats, d’expositions et de géologies.

L’appellation retenue, également la plus connue, Marlborough se trouve au nord de l’île du sud. Le nom Maori pour la région, Kei puta te Wairau, « l’endroit avec un trou dans les nuages » est approprié pour cette région. Recevant quelques 2410 heures de soleil par an, adossé à une saison relativement sèche, les raisins mûrissent alors sur une longue durée. Le résultat ? Des baies extrêmement aromatiques !

L’océan Pacifique entourant le pays est froid. Son influence s’étend à la quasi-totalité du pays qui sans cela serait chaud. Les baies préservent ainsi une fraîcheur remarquable.

Du sauvignon oui, mais pas seulement. Celui-ci est assemblé à une faible proportion de sémillon, partiellement élevé sur lies, conférant à l’assemblage une nouvelle complexité et une texture plus ronde.

L’autre cépage ayant fait ses preuves sur cette région peu commune, est le pinot noir.

Ce bourguignon d’origine est particulièrement capricieux. Contrairement à d’autres qui semblent s’adapter à n’importe quels climats et environnements à l’image du chardonnay, le pinot, lui, n’admet pas l’approximation. Fragile, sujet à diverses maladies, n’aimant guère les climats trop chauds, ni les viticultures approximatives, il dicte la marche à suivre et non l’inverse.

Alors, lorsqu’une région parvient à s’affirmer avec un cépage de ce niveau d’exigence, forcément, cela intrigue la scène internationale.

Un pinot de fragrances à déguster sur un rôti de porc oignons confits et haricots tarbais. Un sauvignon intense sans exubérance, idéal pour un plateau de fruits de mer.

Deux vins de parfum dessinés par une figure de la région, Michael Seresin.

Paul-Emmanuel Patacq DipWSET

Tasting notes

Seresin Estate Marlborough Sauvignon Blanc 2022

89 / 100

Granny smith, poire conférence, citron jaune, pêche blanche, ananas frais, pas de doute, le sauvignon blanc rayonne ! De fines évocations de mie de pain se dessinent subtilement. Le sémillon, lui, confère sa texture, plus ronde et ample que son confrère vif et expressif. Les deux s’entendent à merveille. Portés par une acidité revigorante et une texture réconfortante, les notes de fruits tropicaux, lentement, s’installent alors dans le temps.

Service à 8°c, 2023 - 2035

Seresin Estate Marlborough Leah Pinot Noir 2018

92-93 / 100

L’intensité est radieuse, groseille, framboise, cerise rouge pour ouvrir le débat. Un parfum délicat de rose rouge s’élève, accompagné de thé noir et de thym. Cannelle et clous de girofle indiquent un élevage maitrisé. tandis qu’une évocation de terre témoigne d’une oeuvre gagnant en sagesse. En équilibre, l’acidité, l’alcool, le grain marqué mais fin des tannins permet aux arômes de s’installer dans le temps. Un pinot noir empreint d’une grande finesse.

Ouvrir 1h à l‘avance, épauler, déguster à 15°c, 2023 - 2035

Pavl Emmanvel

@pavl.emmanvel